Le samedi 11 juin, la cour retourna À Versailles, oÙ en arrivant le Roi alla voir Madame, M. et Mme de Chartres, chacun dans leur appartement; elle, fort en peine de la situation oÙ elle se trouvoit avec le Roi, dans une occasion oÙ il y alloit du tout pour elle, et avoit engagÉ la duchesse de Ventadour de voir Mme de Maintenon. Elle le fit: Mme de Maintenon ne s’expliqua qu’en gÉnÉral, et dit seulement qu’elle iroit chez Madame au sortir de son dÎner, et voulut que Mme de Ventadour[129] se trouvÂt chez Madame et fÛt en tiers pendant sa visite. C’Étoit le dimanche[130], le lendemain du retour de Marly. AprÈs les premiers compliments, ce qui Étoit lÀ sortit, exceptÉ Mme de Ventadour. Alors Madame fit asseoir Mme de Maintenon, et il falloit pour cela qu’elle en sentÎt tout le besoin. Elle entra en matiÈre sur l’indiffÉrence avec laquelle le Roi l’avoit traitÉe pendant toute sa maladie, et Mme de Maintenon la laissa dire tout ce qu’elle voulut, puis lui rÉpondit que le Roi lui avoit ordonnÉ de lui dire que leur perte commune effaÇoit tout dans son coeur, pourvu que dans la suite il eÛt lieu d’Être plus content d’elle qu’il n’avoit eu depuis quelque temps, non-seulement sur ce qui regardoit ce qui s’Étoit passÉ À l’Égard de M. le duc de Chartres, mais sur d’autres choses encore plus intÉressantes, dont il n’avoit pas voulu parler, et qui Étoient la vraie cause de l’indiffÉrence qu’il avoit voulu lui tÉmoigner pendant qu’elle avoit ÉtÉ malade. A ce mot, Madame, qui se croyoit bien assurÉe, se rÉcrie, proteste qu’exceptÉ le fait de son fils elle n’a jamais rien dit ni fait qui pÛt dÉplaire, et enfile des plaintes et des justifications. Comme elle y insistoit le plus, Mme de Maintenon tire une lettre de sa poche et la lui montre, en lui demandant si elle en connoissoit l’Écriture. C’Étoit une Quand tout cela fut ÉpuisÉ, Mme de Maintenon la supplia de trouver bon qu’aprÈs s’Être acquittÉe de la commission que le Roi lui avoit donnÉe, elle pÛt aussi lui dire un mot d’elle-mÊme, et lui faire ses plaintes de ce qu’aprÈs l’honneur qu’elle lui avoit fait autrefois de vouloir bien desirer son amitiÉ et de lui jurer la sienne, elle avoit entiÈrement changÉ depuis plusieurs annÉes. Madame crut avoir beau champ: elle rÉpondit qu’elle Étoit d’autant plus aise de cet Éclaircissement, que c’Étoit À elle À se plaindre du changement de Mme de Maintenon, qui tout d’un coup l’avoit laissÉe et abandonnÉe, et forcÉe de l’abandonner À la fin aussi, aprÈs avoir longtemps essayÉ de la faire vivre avec elle comme elles avoient vÉcu auparavant. A cette seconde reprise, Mme de Maintenon se donna le plaisir de la laisser enfiler comme À l’autre les plaintes, et de plus les regrets et les reproches: aprÈs quoi elle avoua À Madame qu’il Étoit vrai que c’Étoit elle qui la premiÈre s’Étoit retirÉe d’elle, et qui n’avoit osÉ s’en rapprocher, que ses raisons Étoient telles qu’elle n’avoit |