II.

Previous

Je n'ai point parle une seule fois, je ne parlerai pas davantage dans la suite. Je n'aime ni les gens qui posent, ni les choses complÉtement inutiles. J'agis depuis quatre mois, et je crois avoir rendu quelques services par ce moyen qui en dÉpit de toutes les entraves, nous a donnÉ trois reprÉsentations, une commission internationale, des commissions de nations et 137 signataires161 qui succomberont avec honneur et horions, si l'on continue À nous traiter aussi mal.

Je crois inutiles tous efforts pour rÉsister À l'aveuglement de l'orgueil moyen-Âge, toutes Notes diplomatiques, toutes menaces qui ne sauraient aboutir, et dont je dÉplorerais le premier l'exÉcution, si elle Était possible. Le remÈde n'est pas lÀ; on se jouera de tout, et on ira triomphalement aux abÎmes.

Quand on a affaire À des gens qui ne craignent qu'une chose, il faut se servir de cette chose,—c'est-À-dire de l'opinion publique.

Il faut par ce moyen Établir ce qui est vrai—point d'autoritÉ parceque point de libertÉ. Le dÉfaut de libertÉ. Le dÉfaut de libertÉ, gros comme des montagnes, crÈve les yeux; il repose sur des faits notoires, apprÉciables pour tous, et sa constatation publique est la seule planche de salut dans la tourmente inouÏe que subit l'Église.

[pg 838]

A notre arrivÉe, tout Était fait sans nous. Toutes les mailles du rÉseau Étaient serrÉes, et les jÉsuites qui out montÉ le traquenard ne doutaient pas un instant que nous y serions pris. Ils voulaient nous faire poser par enchantement la pierre angulaire de leur fronton, et se seraient charges ensuite, sans nous, de bÂtir le portail de leur Édifice en un clin d'oeil.

Nous avons donc trouvÉ un rÈglement tout fait,—c'est-À-dire des menottes. Pour faire droit À nos plaintes, on a serrÉ de plus belle, et nous jouissons de l'ancien brodequin que Louis xvi. a supprimÉ. Pour Être vrai, il faut dire que les tourmenteurs out fait la chose avec toute la grÂce imaginable. Nous avons trouvÉ une majoritÉ toute faite, trÈs compacte, plus que suffisante en nombre, parfaitement disciplinÉe et qui a reÇu au besoin instructions, injonctions, menaces, prison, argent. Le systÈme des candidatures officielles est distancÉ de 100 kilomÈtres.

Une commission, la plus utile, celle oÙ l'on peut adresser ses rÉclamations, a ÉtÉ crÉÉe et imposÉe d'office.

Mais il faut dire À sa louange qu'elle ne fonctionne pas, parce qu'elle ne rÉpond jamais ou qu'elle ne repond qu'aux membres de la majoritÉ. Nous avons ÉtÉ libres de nommer les autres commissions, c'est-À-dire que la majoritÉ fictive a pu les crÉer À l'aide de listes dressÉes et lithographiÉes.

Restait la parole; mais À quelles conditions? DÉfense de rÉpliquer un mot, de discuter, d'Éclairer. Si on voulait parler, il fallait se faire inscrire, et le lendemain, ou deux jours aprÈs, quand tout Était refroidi, on pouvait [pg 839] venir ennuyer l'assemblÉe par un discours. DÉfense alors de sortir du thÈme donnÉ aux Écoliers (exceptÉ pour MM. de la majoritÉ) et quand on a tentÉ de parler de libertÉ, de rÈglement, de commission, d'acoustique, de dÉcentralisation, de dÉsitalianisation, on a vu se produire les scÈnes tumultueuses qui ont dÉmoli les Cardinaux Rauscher et Schwarzenberg, les ÉvÊques de Colocza, de Bosnie, d'Halifax, tandis qu'on trouvait bon que Moulins, Belley et d'autres introduisissent de force la grande question À propos de la vie des clercs.

La pauvre petite minoritÉ est en butte aux injures, aux calomnies, et traquÉe par la CiviltÀ, l'Univers, le Monde, l'Union, l'Osservatore et la Correspondance de Rome. Ces journaux sont autorisÉs et encouragÉs. Ils soulÈvent contre nous le clergÉ de nos diocÈses, et ce clergÉ applaudi. Un de nous a osÉ Écrire contre son collÈgue, est il n'a pas reÇu un blÂme officiel.

Mais voici ce qui achÈve d'opprimer notre libertÉ: elle est ÉcrasÉe de tout le poids du respect que nous portons À notre chef.

La question est pendante; elle n'est pas mÊme À l'ordre du jour, les juges de droit divin sont rÉunis et attendent pour la traiter. Or, en pleines assises, le chef se sert de sa haute et divine autoritÉ pour blÂmer devant les prÊtres qui lui sont prÉsentÉs leurs ÉvÊques mineurs. Il fait l'Éloge funÈbre de M. de Montalembert devant 400 personnes; il Écrit À Dom GuÉranger, À l'AbbÉ de CabriÈres de NÎmes, qui s'est dressÉ devant l'ÉvÊque d'OrlÉans, aux diocÈses dont les prÊtres font des Adresses pour forcer la main À leurs mandataires; [pg 840] et il fait tout cela en termes tels que la Gazette du Midi et tutti quanti dÉclarent qu'il n'est plus permis ni aux ÉvÊques ni À personne de soutenir le contraire; et on appelle cela de la libertÉ!

On nous menace de passer par-dessus une minoritÉ imposante, contrairement À toute la tradition, de fouler aux pieds la rÈgle suprÊme de saint Vincent de Lerins: Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus. On prÊche que l'unanimitÉ morale n'est pas nÉcessaire, que le chef est maÎtre de tout, et que nous devons rendre des services et non point des sentences, faire de l'affection quand il s'agit de la foi. VoilÀ notre libertÉ! Un Cardinal me disait pour conclusion: “Mon cher, nous allons aux abÎmes.”

Tout cela est capable d'Ébranler les faibles, de dÉsagrÉger ce qui tient À si peu.

Je crois vous avoir peint la position ce qu'elle est. Priez pour nous, faites valoir la chose, parce qu'elle est vraie, parce que je crois servir l'Eglise en vous la rÉvÉlant.

AprÈs mes souffrances de cet hiver, je ne pense pas pouvoir affronter les chaleurs.... D'ailleurs, Dieu seul peut nous sauver.

[pg 841]

Appendix III.

DifficultÉs de la Situation a Rome.162

                                                                                                                                                                                                                                                                                                           

Clyx.com


Top of Page
Top of Page