Henderson's Casket Letters.
1. O Dieux ayez de moy compassion, Et m'enseignez quelle preuue certain{e} Ie puis donner qui ne luy semble vain{e} De mon amour & ferme affection. Las n'est il pas ia en possession Ny deshonneur, en Offense de parentz, ne pire affliction? Pour luy {tous mes} amis estime moins que rien, Et d{e mes} ennemis ie veux esperer bien. I'ay hazardÉ {pour luy} & nom & conscience: Ie veux pour luy au monde renoncer: Ie veux mourir pour le fair' Que reste il plus pour prouuer ma constance? 2. Entre ses mains & en son plein pouuoir, Je metz mon filz, mon honneur, & ma vie, Mon pais, mes Est tout À luy, & n'ay autre voulloir Pour mon obiect, que sans le deceuoir Suiure ie veux, malgrÉ toute l'enuie Qu'issir en peult, car ie n'ay autre envie Que de ma foy, luy faire apperceuoir Que pour tempeste ou bonnace qui face Iamais ne veux changer demeure ou place. Brief ie feray de ma foy telle preuue, Qu'il cognoistra sans faulte Non par mes pleurs ou fainte obeyssance, Come autres font, 3. Elle pour son honneur vous doibt obeyssance Moy vous obeyssant i'en puis receuoir blasme N'estÂt, À mon regret, comme elle vostre femme. Et si n'aura pourtant en ce point preeminence Car ce n'est peu d'honneur d'estre de voz biens dame Et moy pour vous aymer i'en puis receuoir blasme Et ne luy veux ceder en toute l'obseruance: Elle de vostre mal n'À l'apprehension Moy ie n'ay nul repos tant ie crains l'apparence: Par l'aduis des parentz, elle eut vostre accointance Moy malgrÉ tous les miens vous porte affection {Et neanmoins, mon coeur, vous doubtez ma constance} Et de sa loyautÉ prenez ferme asseurance. 4. Par vous mon coeur & par vostre alliance Elle À remis sa maison en honneur Elle À jouy par vous de Dont tous les siens n'ayent nul asseurance De vous, mon bien, elle À eu l'ac coinstance, Et À gaignÉ pour vn temps vostre coeur, Par vous elle À eu plaisir en bon heur, Et par vous a Et n'a perdu sinon la jouyssance D'vn fascheux sot qu'elle aymoit cherement, Ie ne la playns d'aymer donc ardamment, Celuy qui n'À en sens, ny en vaillance, En beautÉ, en bontÉ, ny en constance Point de seÇond. Ie vis en ceste foy. 5. Quant vous l'amiez, elle vsoit de froideur. Qui vient d'aymer de trop d'affection, Son doy monstroit, a tristesse de coeur N'ayant plaisir de vostre grand ardeur. En ses habitz, monstroit sans fiction Qu'elle n'auoit paour qu'imperfection Peust l'effacer hors de ce loyal coeur. De vostre mort ie ne vis la peaur Que meritoit tel mary & seigneur. Somme, de vous elle À eu tout son bien Et na prisÉ ne iamais estimÉ Vn si grand heur sinon puis qu'il n'est sien Et maintenant dit l'auoir tant aymÉ. 6. Et maintenant elle commence À voir Qu'elle estoit bien de mauuais iugement De n'estimer l'amour d'vn tel amant Et voudrait bien mon amy deceuoir, Par les escriptz tout fardez de scauoir Qui pourtant n'est en son esprit croissant Ains empruntÉ de quelque autheur luissant A faint tresbien vn ennoy Et toutesfois ses parolles fardeez, Ses pleurs, ses plaincts remplis de fictions. Et ses hautz cris & lamentations Ont tant gaignÉ que par vous sont gardÉez Ses lettres {escriptes} ausquellez vous donnez foy Et si l'aymez & croyez plus que moy. 7. Vous la croyez las trop ie l'apperÇoy O mon seul bien & mon seul esperance, Et ne vous puis ie asseurer de ma foy Vous m'estimez plus legier que le noy, Et si n'auez en moy nul' asseurance, Et soupÇonnez mon coeur sans apparence, Vous deffiant À trop grand tort de moy. Vous ignorez l'amour que ie vous porte Vous soupÇonnez qu'autre amour me trÂsporte, Vous estimez mes parolles du vent, Vous depeignez de cire mon las coeur Vous me pensez femme sans iugement, Et tout sela augmente mon ardeur. 8. Mon amour croist & plus en plus croistra Tant que je viure & Tant seulement d'auoir part en ce coeur Vers qui en fin mon amour paroistra Sy tres À clair que iamais n'en doutra, {Pur luy je lutterai contre malheur} Pour luy ie veux recercher la grandeur, Et feray tant qu'en vray cognoistera, Que ie n'ay bien, heur, ne contentement, Qu'a l'obeyr & servir loyaument. Pour luy iattendz toute bonne fortune, Pour luy ie veux garder saintÉ & vie Pour luy vertu de suyure i'ay enuie Et sans changer me trouvera tout vne. 9. Pour luy aussi ie jette mainte larme. Duquel alors il n'auoit pas le coeur. Puis me donna vn autre dur alarme Quand il versa de son sang mainte dragme Dont de grief il me vint telle M'en pensay De perdre la{s} le seul rempar qui m'arme. Pour luy depuis iay mesprise l'honneur Ce qui nous peult seul pouruoir de bonheur. Pour luy hazarde grandeur & conscience. Pour luy {tous mes} i'ay quitÉ parentz, & amis, Et tous autres respectz sont apart mis. Brief de vous seul ie cherche l'alliance. 10. De vous, ie dis, seul soustein de ma vie Tant seulement ie cerche m'asseurer, Et si ose de moy tant presumer De vous gaigner maugrÉ toute l'enuie. Car c'est le seul desir de vostre {chere} amie, De vous seruir & loyaument aymer, Et tous malheurs moins que riens estimer, {Et} vostre volontÉ de mon mie{ux} suivie, Vous cognoistrez avecque obeyssance De mon {loyal} deuoir n'omettant la sciance A quoy ie estudiray pour {tousiours} vous complaire Sans aymer rien que vous, soubz {la} suiection. Vivre & mourir & À ce j'obtempere. 11. Mon coeur, mon sang, mon ame, & mon soucy, {Las,} vous m'auez promis qu'aurons ce plaisir De deuiser auecques vous À loysir, Toute la nuict, ou ie languis icy Ayant le coeur d'extreme paour transy, Pour voir absent le but de mon desir Crainte d'oublir vn coup me vient {a} saisir: Et l'autre fois ie crains que rendurcie Soit contre moy vostre amiable coeur Par quelque dit d'un meschant rapporteur. Un autre fois ie crains quelque auenture Qui par chemin detourne mon amant, Par vn fascheux & nouueau accident. Dieu detourne tout malheureux augure. 12. Ne vous voyant selon qu'auez promis I'ay mis la main au papier pour escrire D'vn different que iÉ voulu transcrire, Ie ne scay pas quel sera vostre aduis Mais ie scay bien quÉ mieux aymer scaura Vous diriez bien que plus y gaignera. |