Source.—A Memoir transmitted to the French Ministry, probably by Gilles Hocquart, intendant of New France: quoted in Documents relating to the Seigniorial Tenure in Canada, edited by W. B. Munro. Toronto, 1908. La colonie de la Nouvelle-France peut comprendre environ 40,000 personnes de tout Âge et de tout sexe, sur lesquelles il se trouve dix mille hommes en estat de porter les armes. Les Canadiens sont naturellement grands, bien faits, d'un tempÉrament vigoureux. Comme les arts n'y sont point gÊnÉs par des maÎtrises, et que dans les commencements de l'Établissement de la colonie les ouvriers Étoient rares, la nÉcessitÉ les a rendus industrieux de gÉnÉration en gÉnÉration. Les habitans des campagnes manient tous adroitement la hache. Ils font eux-mÊmes la pluspart des outils et ustensiles de labourage, bÂtissent leurs maisons, leurs granges. Plusieurs sont tisserans, font de grosses toiles et des Étoffes qu'ils appellent droguet, dont ils se servent pour se vÊtir eux et leur famille. Ils aiment les distinctions et les caresses, se piquant de bravoure, sont extrÊmement sensibles aux mÉpris et aux moindres punitions: ils sont intÉressÉs, vindicatifs, sont sujets À l'ivrognerie, font un grand usage de l'eau-de-vie, [et] passent pour n'Être pas vÉridiques. Ce portrait convient au grand nombre particuliÈrement aux gens de la campagne. Ceux des villes sont moins vicieux. Tous sont attachÉs À la religion. On voit peu de scÉlÉrats. Ils sont volages, ont trop bonne opinion d'euxmÊmes, ce qui les empÊche de rÉussir comme ils pourroient le faire dans les arts, l'agriculture et le commerce. Joignons À cela l'oisivetÉ À laquelle la longueur et la rigueur de l'hiver donne occasion. Ils aiment la chasse, la navigation, les voyages et n'ont point l'air grossier et rustique de nos paysans de France. Ils sont communÉment assez souples lorsqu'on les pique d'honneur et qu'on les gouverne avec justice, mais ils sont naturellement indociles. Il est nÉcessaire de fortifier de plus en plus l'exacte subordination qui doit estre dans tous les ordres, particuliÈrement dans les gens de la campagne. Cette partie du service a estÉ de tout temps la plus importante et la plus difficile À remplir. Un des moyens pour y parvenir est de choisir pour officiers dans les costes les habitans les plus sages et les plus capables de commander, et d'apporter de la part du gouvernement toute l'attention convenable pour les maintenir dans leur autoritÉ. On ose dire que le manque de fermetÉ dans les gouvernemens passÉs a beaucoup nui À la subordination. Depuis plusieurs annÉes les crimes ont estÉ punis, les dÉsordres ont ÉtÉ reprimÉs par des chÂtiments proportionÉs. La police par rapport aux chemins publics, aux cabarets, etc., a estÉ mieux observÉe et en gÉnÉral les habitants ont estÉ plus contenus qu'ils ne l'estoient autrefois. Il y a quelques familles nobles en Canada, mais elles sont si nombreuses qu'il y a beaucoup de gentilshommes. |