“AprÈs toutes les persÉcutions qui furent faites À plusieurs particuliers, le Roy suivant son naturel s’abandonna tout entier au pouvoir de son favori. Il se vit rÉduit À la vie la plus mÉlancolique et la plus misÉrable du monde, sans suite, sans cour, sans pouvoir, et, par consÉquent, sans plaisir, et sans honneur. Ainsi se sont passÉs plusieurs annÉes de sa vie À St. Germain, oÙ il vivoit comme un particulier, et pendant que ses armÉes prenoient des villes et gagnoient des batailles, il s’amusait À prendre des oiseaux.” Memoires pour servir À l’Histoire d’Anne d’Autriche. “Les ennemis de la Reine pour rÉussir encore mieux dans les desseins qu’ils avoient de la faire haÏr du Roy son mari, se servirent fortement contre elle des intelligences qu’elle avoit en Espagne.” Madame de Motteville, Mem. de la Reine. “Mais la Reine m’a contÉ qu’un jour il (le Cardinal) lui parla d’un air trop galland pour un ennemi; et qu’il lui fit un discours fort passionnÉ; mais qu’ayant voulu lui rÉpondre avec colÈre et mÉpris, le Roy dans ce moment Étoit entre dans le cabinet oÙ elle Étoit, qui par sa prÉsence interrompit sa rÉponse.” Madame de Motteville. “Le Chevalier de Jars fut le plus maltraitÉ, et comme il a ÉtÉ depuis tout À fait de mes amis, et que dans sa persÉcution il y a quelques choses qui sont dignes de l’estime des honnÊtes gens, je veux en marquer les principaux endroits qui pourront faire voir de quelle trempe Étoit son ame, * * * * * * * * A Troyes on lui donna pour Juge Lafemas, celui qui l’avoit dÉjÀ tourmentÉ dans la Bastille, qu’on appelloit le Bourreau du Cardinal. On accompagna celui-lÀ d’un nombre suffisant de Juges pour lui faire son procÈs, qui ne furent pas plus honnÊtes gens que lui. Il y travailla par toutes les voies que ces sortes de gens scavent pratiquer, et il fut fortement secondÉ des autres. Ils voulurent lui acheter des faux temoins, &c.... * * * * * * * * Lafemas avoit promis au Ministre qu’il le tourmenteroit si bien, qu’il en tireroit À peu pres ce qu’il en desiroit scavoir, et que sur peu de mal il trouverait les moyens de lui faire son procÈs; selon les maniÈres mÊmes du Cardinal, qui, À ce que j’ai oÜi conter À ses amis, avoit accoutumÉ de dire qu’avec deux lignes de l’Écriture d’un homme on pouvoit faire le procÈs au plus innocent, parceque on pouvoit sur cette matiÈre ajuster si bien les affaires que facilement on y pouvoit faire trouver ce qu’on voudroit. “Sur ce fondement Lafemas travaille au jugement du Chevalier de Jars; il le menace, il l’interroge et fait tout ce qu’une ame pleine de lÂchetÉ est capable de faire.... * * * * * * * * En effet, il fut menÉ sur la sellette, oÙ fort constamment il * * * * * * * * Ayant ÉtÉ condamnÉ, on le mena sur l’Échaffaut. Il y parut plein de courage et d’honneur. Il se moqua de ses ennemis, montrant de recevoir la mort avec une grande fermetÉ. Etant prÊt d’avoir la tÊte tranchÉe, on lui vint apporter sa grace.” Madame de Motteville. THE END. LONDON:
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