NOTES.

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“AprÈs toutes les persÉcutions qui furent faites À plusieurs particuliers, le Roy suivant son naturel s’abandonna tout entier au pouvoir de son favori. Il se vit rÉduit À la vie la plus mÉlancolique et la plus misÉrable du monde, sans suite, sans cour, sans pouvoir, et, par consÉquent, sans plaisir, et sans honneur. Ainsi se sont passÉs plusieurs annÉes de sa vie À St. Germain, oÙ il vivoit comme un particulier, et pendant que ses armÉes prenoient des villes et gagnoient des batailles, il s’amusait À prendre des oiseaux.”

Memoires pour servir À l’Histoire d’Anne d’Autriche.


“Les ennemis de la Reine pour rÉussir encore mieux dans les desseins qu’ils avoient de la faire haÏr du Roy son mari, se servirent fortement contre elle des intelligences qu’elle avoit en Espagne.”

Madame de Motteville, Mem. de la Reine.


“Mais la Reine m’a contÉ qu’un jour il (le Cardinal) lui parla d’un air trop galland pour un ennemi; et qu’il lui fit un discours fort passionnÉ; mais qu’ayant voulu lui rÉpondre avec colÈre et mÉpris, le Roy dans ce moment Étoit entre dans le cabinet oÙ elle Étoit, qui par sa prÉsence interrompit sa rÉponse.”

Madame de Motteville.


“Le Chevalier de Jars fut le plus maltraitÉ, et comme il a ÉtÉ depuis tout À fait de mes amis, et que dans sa persÉcution il y a quelques choses qui sont dignes de l’estime des honnÊtes gens, je veux en marquer les principaux endroits qui pourront faire voir de quelle trempe Étoit son ame, quelle Étoit sa probitÉ, la vigueur de son esprit et la grandeur de son courage. Il fut onze mois dans la Bastille enfermÉ dans un cachot. Il fut pris en hyver, et l’habit de velours noir qu’il y porta demeura toujours sur son corps tant qu’il habita dans cette effroyable demeure. On l’interrogea quatre-vingt fois avec toute la severitÉ possible, et il repondit toujours avec bon sens et fermetÉ, sans se laisser entamer sur aucun chapitre, sans se couper en ses reponses, ni sans embarrasser personne. On l’en fit sortir pour le mener À Troyes avec toutes les rudes apparences d’un homme qu’on alloit mener À la mort....

* * * * * * * *

A Troyes on lui donna pour Juge Lafemas, celui qui l’avoit dÉjÀ tourmentÉ dans la Bastille, qu’on appelloit le Bourreau du Cardinal. On accompagna celui-lÀ d’un nombre suffisant de Juges pour lui faire son procÈs, qui ne furent pas plus honnÊtes gens que lui. Il y travailla par toutes les voies que ces sortes de gens scavent pratiquer, et il fut fortement secondÉ des autres. Ils voulurent lui acheter des faux temoins, &c....

* * * * * * * *

Lafemas avoit promis au Ministre qu’il le tourmenteroit si bien, qu’il en tireroit À peu pres ce qu’il en desiroit scavoir, et que sur peu de mal il trouverait les moyens de lui faire son procÈs; selon les maniÈres mÊmes du Cardinal, qui, À ce que j’ai oÜi conter À ses amis, avoit accoutumÉ de dire qu’avec deux lignes de l’Écriture d’un homme on pouvoit faire le procÈs au plus innocent, parceque on pouvoit sur cette matiÈre ajuster si bien les affaires que facilement on y pouvoit faire trouver ce qu’on voudroit.

“Sur ce fondement Lafemas travaille au jugement du Chevalier de Jars; il le menace, il l’interroge et fait tout ce qu’une ame pleine de lÂchetÉ est capable de faire....

* * * * * * * *

En effet, il fut menÉ sur la sellette, oÙ fort constamment il rÉcusa pour Juge Lafemas, lui reprocha toutes ses lÂchetÉs, l’appella une seconde fois scÉlÉrat, et avertit ses autres Juges de ce que Lafemas avoit promis au Cardinal contre lui. Il fut interrogÉ tout de nouveau, et demeura trois heures en cet État. Il se defendit si courageusement qu’il confondit ceux qui le vouloient perdre et qui avoient du moins le dessein de lui faire trahir ses amis. Sortant de lÀ, le PrevÔt de l’Ile s’approcha de lui et lui dit, ‘Monsieur, bon courage! j’espÈre bien pour vous, car on m’a dit de vous ramener dans la prison oÙ vous Êtes, et c’est l’ordinaire de mener ceux qu’on va condamner À mort dans un autre lieu.’ Le Chevalier lui dit du mÊme ton dont il avoit accoutumÉ de censurer les choses qu’il n’approuvoit pas. ‘Mon ami, ces pendars lÀ me vont condamner, je le vois bien À leur mine. Il faut avoir patience, et le Cardinal enragera de voir que je me moque de lui et de ses tortures.’

* * * * * * * *

Ayant ÉtÉ condamnÉ, on le mena sur l’Échaffaut. Il y parut plein de courage et d’honneur. Il se moqua de ses ennemis, montrant de recevoir la mort avec une grande fermetÉ. Etant prÊt d’avoir la tÊte tranchÉe, on lui vint apporter sa grace.”

Madame de Motteville.

THE END.

LONDON:
PRINTED BY S. AND K. BENTLEY,
Dorset Street, Fleet Street.

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